Auteur : Marie-Hélène Courtin (gagnante pour ce thème)
Dans mon petit
jardin, c’est la guerre !
On pourrait s’y
tromper. Tout a l’air, comme ça, calme, tranquille, serein. Le
chat se chauffe au soleil. Un papillon voltige. Les mésanges
pépient, voletant d’arbre en arbre. Une brise berce en silence les
branches du laurier. Paresseusement, le figuier met ses feuilles. Les
lys sortent de terre. Lavande, verveine, romarin, basilic, tout ce
vert nous apaise, tout respire la paix…
Et pourtant c’est
la guerre !
Penchez-vous au
dessus, regardez un peu mieux.
La timide pervenche
attaque la pariétaire. Le liseron, si frêle, ligote, étrangle la
violette. L’ipomée volubile enlace le rosier d’une étreinte
mortelle. Le jasmin se faufile et l’air de rien colonise le lierre.
Le troène, royal, se pousse et défie le mûrier. Face à face
sanglant, suspens insoutenable : Qui des deux reculera ?
Ce qui se trame en
dessous n’est guère plus élégant.
L’acanthe, comme
une pieuvre, lance ses racines à l’assaut du sous sol. Les belles
de nuit, s’enfouissant toujours plus profond, années après
années, envahissent l’espace. Et les lilas têtus repoussent ça
et là...
La bataille fait
rage, silencieuse, sournoise. On gagne du terrain, on perd des
territoires. Les vaincus se replient, jaunissent, se dessèchent. Pas
de cris, pas de sang, c’est propre, sans appel !
La lutte, le bras de
fer, n’auront jamais de fin. C’est comme la guerre d’Irlande,
les vendettas corses, Palestine et Israël! Pas de cessez-le-feu,
d’armistice, de trêve. Hier c’était Austerlitz, mais viendra
Waterloo. Tout dépend du son de cloche qu’on écoute, par quel
bout de la lorgnette on regarde, et à quel moment on arrête
l’histoire. Le vaincu d’aujourd’hui sera peut-être vainqueur
demain… Le combat ne s’arrêtera qu’avec la fin du monde. La
mort du dernier partisan n’y suffirait pas. Il y aura toujours,
quelque part dans le monde, un arrière petit cousin prêt à se
réveiller un jour persuadé qu’il est vital pour lui de venger la
mort de son aïeul. La haine est toujours prompte à renaître des
décombres, le feu couve sous la cendre, l’orage n’est jamais
très loin.
Le temps seul
jugera…
Et moi, je joue à
Dieu ! Je plante, j’arrache, je sème. Je bouture, je taille !
Peine perdue,
illusion vaine ! Comme la marée emporte les châteaux de sable,
les années peu à peu anéantiront mes efforts de « simple
mortelle ». La nature reprend toujours ses droits…
Non ! Nature
n’est pas «un temple », Nature est une
jungle où on ne fait pas dans la dentelle, où tous les coups sont
permis. Sans états d’âme, sans pitié. Rien de personnel :
« Just business ! »
Pourquoi vouloir de
l’homme qu’il soit plus raisonnable ? Parce qu’il a un
cerveau ? Qu’il opère à cœur ouvert, a inventé la roue et
guérit le cancer ? Pfttt ! Il a aussi un égo qu’il
lui bouche la vue, le fait voir à court terme, et de façon étroite.
Plongé dans la contemplation de son nombril, il détourne les eaux,
goudronne les chemins, coupe les pins centenaires autour de sa
piscine et, comble de l’horreur - Ô honte, ô barbarie - assassine
les journalistes, croyant tuer la liberté !
Auteur : Dominique Dutriaux
LA
FORET
Dans
mon jardin, il y a une forêt
Immense
où chaque arbre s’agite au gré
Du
vent du soir. Un arbre symbolique
Se
meurt.
Je
n’aime pas qu’on y vienne avec une hache !
Dans
cette forêt, tous les arbres tremblent.
Leurs
feuilles crépitent, se froissent et semblent
Se
recourber sous l’effet de l’effroi.
J’ai
peur.
Je
n’aime pas que les feuilles on m’arrache !
Dans
mon arbre penché, une luciole
Scintille
par à-coups. Sa course folle
Eclaire
un chemin tordu. Ephémère
Lueur.
Je
n’aime pas que l’on m’éteigne !
Dans
ma forêt secrète,
Je
veux que tu viennes.
Je
veux que tu m’effeuilles.
Je
veux que tu m’étreignes.
Laisse-moi
scintiller au gré de ton souffle, oh ! Mon bel Amant.
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