Formidable livre : ATTILA, Christine Lacroix !

Ce livre il vous le faut absolument si vous êtes un amoureux des chats.
Si vous n'en êtes pas un ... Vous pouvez le devenir en le lisant ! Je vous l'assure !

Attila, c'est un adorable chat qui va vivre des aventures extraordinaires. Il raconte son histoire et ce n'est pas banal.
Vous pouvez trouver ce livre sur Amazon et la FNAC. Vous pouvez vous adresser aussi à Christine Lacroix sur Facebook, LinkedIn, Twitter, Pinterest etc.
Sur son blog :
http://chat-pitre.over-blog.com/



EXTRAIT DU LIVRE : ATTILA, le curieux chat voyageur
Avant-propos
Aussi étonnant que cela puisse paraître, « Black » a réellement existé, sous un autre nom. Il s’est égaré pendant plus de quatre ans et a été recueilli par une gardienne avant de retrouver sa maison.
Saluons tous ceux et celles qui chaque jour prennent soin des chats perdus. S’ils errent dans les rues, c’est rarement de leur propre volonté.
Pour les « non Tintinophiles » qui s’étonneront des titres des chapitres, ils sont un hommage aux vingt-quatre albums des héros de Hergé, qui avec Jules Verne, restera toujours un de mes auteurs préférés.

VOUS ALLEZ ADORER !
Coke en sacs
Avant je m’appelais Black, juste Black. Mais Attila ça me va…
Pourtant à mes débuts j’étais blanc, tout blanc. Quand j’étais chaton je suis tombé dans un sac de cokes posé dans le coin nord de la remise où je suis né ; maintenant je suis noir, tout noir avec des émeraudes à la place des yeux.
Les yeux des chats sont des joyaux : ambre, topaze, aigue-marine, améthyste, rubis mais là ce n’est pas normal, ou jade comme les miens ; contrairement aux humains qui ont les yeux bruns, bleus, noirs, verts, glauques ou rouges mais là c’est inquiétant. La nuit si je ferme les paupières je n’existe plus, mais si je les ouvre on peut découvrir mes pierres précieuses en amande, deux gemmes que dame nature m’a offertes en cadeau.
Pour un mois de novembre, le soleil est plutôt généreux. Ses rayons dardent à travers la baie vitrée du salon et viennent s’écraser sur le canapé de lin clair. Au beau milieu, une tâche sombre donne l’illusion d’un trou circulaire d’où nulle lumière ne ressort. Je suis ce « trou noir », mon pelage est fait pour la nuit.
Cette chaleur me procure un plaisir intense qui hérisse le pelage de mon dos. Le bien-être de cette pose en arrondi est contrecarré par mon envie de m’étirer. Finalement j’opte pour la solution intermédiaire, j’allonge au plus loin mes antérieures, toutes griffes dehors, la truffe au ras des pattes. Je conclus l’exercice par un bâillement toutes dents sorties avec au final un claquement de mâchoires sonore.
Après la chambre sans vue et le ciel vu du plancher par la seule fenêtre de toit du logement, cette petite maison de ville est un paradis, une porte coulissante, une baie vitrée côté jardin et deux observatoires côté rue, de quoi occuper un chat quelques heures dans une journée.
Les premiers accords de la Danse du Sabre retentissent derrière moi, mettant en action mes deux cornets auditifs amplificateurs. Quand je dis deux je devrais plutôt dire un et demi, mon oreille gauche étant amputée de sa moitié supérieure, souvenir d’une bataille cuisante

Mon compagnon à deux pattes ramasse son téléphone posé à même le sol et décroche. Commence alors le petit jeu de la demi conversation ; en entendant un seul des deux interlocuteurs, le challenge consiste à reconstituer l’échange dans son intégralité ; car cet appareil permet à des humains souvent fort éloignés géographiquement de se parler, souvent pour ne rien dire. J’avais appris à force d’habitude à faire la différence entre les humains se parlant à eux mêmes, ceux qui s’adressaient à moi et ceux qui parlaient avec un correspondant fantôme comme en ce moment.
Après les politesses d’usage je dressai un pavillon, j’avais entendu mon nom.
- Oui, Attila va bien, sa nouvelle maison à l’air de lui plaire, enfin surtout   le jardin. - …
- Avec Jamie ? Oh c’est plutôt distant, lui évidemment veut le toucher,  l’attraper mais Attila n’est pas franchement d’accord. A chaque fois il  file dans une autre pièce, par contre quand il va savoir marcher ce sera  une autre histoire. - …
- Si, je pense qu’il m’a reconnu ? C’est difficile à dire tu sais, mais dès   son arrivée il était très amical avec moi, bon avec Julie c’est autre  chose, il se méfie malgré tous ses efforts. - …
- Oui, ça fait quatre ans mais il parait qu’un chat n’a pas la notion du      temps qui passe, alors va savoir ce qu’il pense. - …
- Hein !
- …
- Ah oui !
- …
- Moi ? Ben ça m’a fait un sacré choc, j’étais sceptique au début, je ne  voulais pas le reconnaître, je pensais que c’était un autre, je le  croyais  mort de faim ou écrasé. Jamais je n’aurai imaginé le retrou-  ver comme  ça ! - …
- Ouais, heureusement qu’il était tatoué, c’est un petit miracle.
- …
- Oui d’accord je vais le lui dire. Salut !

Il parait que les humains payent pour tout ; c’est pour cela qu’ils travaillent. Ils payent pour se loger, pour se nourrir, pour se déplacer et pour communiquer. Pour nous les chats tout est gratuit ; c’est pour cela que nous passons nos après-midi à faire la sieste et les nuits à déambuler à travers les rues et les champs. La locomotion est assurée par les coussinets. Le logement est offert gracieusement, si ce n’est un meublé, c’est une cave ou une grange ; la pitance tombe automatiquement toutes les deux heures, enfin surtout si on habite un meublé, sinon il faut aller à la chasse ou jouer les pique-assiettes. Les saveurs sucrées, salées, âcres, subtiles, nuancées, épicées ou entêtantes, tout nous parle. Mon plat préféré est le steak tartare, j’aime aussi la langouste et j’adore les sushis sans les petits vers blancs qui leurs collent à la peau. Je suis réceptif à toutes les flaveurs. Je me targue d’être goûteur professionnel, un nez comme on dit dans le métier. J’écoute mon sens olfactif puis un coup de langue et c’est jugé !
Il y surtout trois familles d’aliments que je déteste : le genre médicamenteux, le végétaliste et le pimenté. Pour les boissons je me contente de l’eau du robinet changé trois fois en cours de journée et à température ambiante sauf aux deux pôles, de lait tiédi et de jus de thon. Je déteste la soupe de légumes, le sirop médicinal et le champagne. Ne rigolez pas, j’ai essayé toute la panoplie. La deuxième boisson, un homme en blouse blanche a essayé de me la faire ingérer de force en l’introduisant au fond de ma gorge. Une fois que  j’eus épuisé toute les ressources d’intimidation à ma disposition, il renonça et alla tamponner du désinfectant sur les marbrures rouges de ses avants bras.

Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est partager le dîner de mon compagnon, surtout les plateaux télé-repas qu’il se préparait dans notre ancienne vie, maintenant avec femme et enfant il semble qu’il en soit privé. Nous nous installions tous les deux sur le lit, lui adossé à deux oreillers, moi le dos calé contre un coussin de satin et la distribution commençait. Un bout de pâté de foie sans pain, un morceau de jambon sans couenne, un échantillon de brie sans croûte et une petite cuillère de yogourt sans fruit. Je ne suis pas très exigeant, un rien me suffit. Je ronronnais tout le long du repas, maintenant ces moments d’intimité ont pris fin mais j’y ai gagné un cordon bleu, autant l’homme était le roi de l’ouvre-boîte, autant la femme me cuisine des moules à la marinière, du lapin en gibelotte et de l’épaule de mouton farcie. Si je garde mes distances avec cette étrangère la plupart du temps, quand elle est dans sa cuisine, je ne la quitte pas d’une cheville.
Nous utilisons les deux « S » pour communiquer : le langage des sons et le langage des signes et pas un appareil coûteux, qui vous envoie une facture tous les mois. Prenons le premier signe, la méfiance : queue basse, regard fuyant, rasant les murs ou planqué sous une chaise; ensuite, la peur : yeux dilatés, dos creusé, oreilles baissées; la satisfaction : yeux clos, queue se balançant doucement, ronronnements; la colère : dressé sur les pattes, queue fouettant vivement l’air, crachements, grondement sourd; l’interrogation, le plus facile des langages des signes : les oreilles orientées dans la bonne direction, la queue en point d’interrogation; la flatterie : regard fendu, ondulation du corps, attouchements; l’indifférence : yeux mi-clos (on ne sait jamais), queue enroulée autour des pattes, les oreilles semi fléchies. Et je pourrais vous en citer encore des dizaines d’autres.
Pour le langage des sons, la panoplie à notre disposition est infinie : feulement, gémissement, miaulement, hurlement, ronronnement, grincement, vibration gutturale. Les humains aussi possèdent plusieurs options pour s’exprimer, le cri, le chuchotement, les insultes, les messes basses, les pleurs, le rire, le murmure, le grognement, le baratin, les onomatopées, la voix de baryton, basse, soprano, ténor (mais là il n’ont le droit qu’à un seul choix), la ventriloquie, l’ergoterie, le gazouillement au début de leur vie, le marmottement à la fin ; des fois ils s’essayent au ronronnement, surtout les femmes, une pâle copie souvent très lointaine de l’original.

Si les humains se contentaient des sons naturels, tout irait bien pour les délicates oreilles félines, mais ce n’est pas le cas, ils ont inventé toutes sortes de machines infernales pour nous agresser ou nous terroriser : les aspirateurs, les marteaux piqueurs, la sirène des pompiers, le klaxon et les mobylettes trafiquées.
Si vous êtes nés chat des champs, les hommes ne manquent pas d’imagination pour vous casser également les oreilles, ils sont même fiers de leur trouvaille : le home cinéma, cinq hauts parleurs multidirectionnels, son hi-fi stéréo haute définition, watts à profusion, de quoi brouiller les sondes acoustiques de compagnons félins dans un rayon de cinq cents mètres. Par contre j’aime la musique, surtout le classique, je déteste le métal, le free jazz et le hard rock ; mon compagnon de vie a appris à connaître mes goûts musicaux, la Danse du Sabre se poursuit, un morceau tout à fait acceptable pour ma sensibilité.
Il repose le téléphone, contourne le canapé et s’assoit à côté de moi, je sens qu’il brûle d’envie de me soulever et de me poser sur ses genoux, mais je fais semblant de dormir et ma posture ne lui donne guère de prise. Pour ma part je ne risque pas de bouger, il s’est assis à l’ombre ! Finalement il avance la main et me gratte l’arrière du crâne en descendant le long de ma nuque. Je redresse la tête et la tourne de côté pour l’inviter à continuer, ce qu’il fait de bon cœur.
- Tu m’as manqué tu sais ! Marie t’embrasse, Attila, tu te souviens    d’elle ? Ce nom ne me dit fichtrement rien, par contre mon nom m’était revenu dès qu’il l’avait prononcé après son scepticisme passé et il me sembla à ce moment que ça faisait bien longtemps que je ne l’avais entendu. Mon compagnon ne l’avait pas choisi par hasard, mais au contraire après mûres réflexions, il m’avait consciencieusement baptisé Attila après ma première adoption. J’ignore où il avait gobé cette légende typiquement humaine qui prétend que pour qu’un chat réponde à son nom, il faut qu’il en soit fier et donc se doit d’être baptisé d’un nom illustre. Son choix se porta donc sur un conquérant célèbre dont la saga prétend que là où Attila passa, l’herbe ne repoussa jamais. C’était son sens de l’humour sûrement et une basse vengeance je crois, à cause de mon acharnement à massacrer définitivement tout tentative d’installation de plantes en pot dans son premier logis.

Si au début ce nom n’évoquait pas grand-chose en moi, aujourd’hui après toutes ces aventures, l’entendre à nouveau me fait ronronner d’aise. Du coup il redouble d’ardeur dans ses caresses, à ma grande satisfaction. Les chats eux ne s’encombrent pas de toutes ces choses futiles, ils vont à l’essentiel ; pour une mère chatte l’important est de nourrir et d’éduquer ses chatons, les noms n’ont que peu d’importance. Ma mère ne s’encombra pas de chercher un nom évocateur, je m’en souviendrai toujours, ma génitrice baptisa sa portée selon notre pelage, elle m’appela Black.
Des bribes de mon enfance me reviennent en mémoire. J’ai vu le jour ou plutôt la nuit, car j’étais aveugle à la naissance, à l’extrémité d’un jardin, au bout d’une remise, au fond d’un landau, comme les bébés d’homme. Nous sommes six blottis les uns contre les autres, apeurés quand notre mère nous quitte, se bousculant sans se voir, piaillant de concert comme des oisillons au nid quand elle revient, pourtant elle ne régurgite jamais de nourriture mais nous offre ses mamelles pleines de lait en récompense.

Premier né, je suis le plus costaud de la portée de six. Je choisis la plus grosse et la plus juteuse des mamelles, me la disputant avec un rouquin aux yeux d’ambre. Ma mère me le présente comme mon frère, Rayon de Soleil, mais je ne la crois pas, il ne me ressemble en rien ; je suis blanc, il est roux, j’ai des yeux d’émeraude, il a des yeux topaze. J’affirme haut et fort, malgré les dénégations de ma mère Luth que la couleur jais de ma robe est due à ma chute dans les galets de houille, car ma génitrice, écaille de tortue, est blanche, fauve, miel et ocre mais aucunement noire ; quand j’ai vu le jour j’étais blanc comme neige, comme le dessous de son ventre et puis j’ai eu ce stupide accident et maintenant je suis Black.
Un jour le landau devint trop petit. Je fus le premier et le seul d’ailleurs à faire le grand saut, me jetant littéralement dans le vide, au bas mot quatre-vingts centimètres, coussinets en avant. Les autres, couards, ne réussirent jamais à égaler mon exploit ; ceci n’étant pas vraiment un exploit, puisqu’un chat peut sauter cinq fois sa hauteur et six fois sa longueur. 

Au pied de notre couche, je vois mes frères et sœurs s’agripper au bord, je les entends couiner, je les regarde sauter sur place ; il fallut que notre mère les descende un par un dans sa gueule pour qu’ils me rejoignent sur la terre ferme. Mais ceci est une autre histoire.
La journée s’achève, l’air vibre à mes oreilles. Il fera encore beau demain, comme à chaque fois que je l’entends. Le bruit vient de l’est et annonce une belle aube à venir. C’est un phénomène météorologique qui dépend du sens du vent. Ce son familier, atténué m’a accompagné tout le long de l’aventure que je vais vous conter ; si ancrée dans ma mémoire que j’ai l’impression de la vivre au présent. Effrayant, strident, assourdissant, le train chuinte dans le crépuscule.

Christine LACROIX




2 commentaires:

  1. Je l'ai lu et aimé ! Christine a une belle plume féline.
    Bisous ma Chanta-Loup
    Béa kimcat

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    Réponses
    1. C'est vrai, Christine a une très belle plume.
      J'ai beaucoup aimé l'histoire moi aussi.
      Je t'envoie ton exemplaire dans la semaine.
      Bisous ma Béa
      Chantaloup

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