Par ordre alphabétique d'Auteurs :
Auteur : Paul Allegraud :
C'était un coin de
paradis.
À l'est, la montagne
dressait fièrement sa tête coiffée d'un blanc bonnet, semblant protéger la
plaine de ses épaules rocheuses, tel un père bienveillant. À ses pieds, les
bouleaux faisaient du charme au lac, où les roseaux, de leurs doigts gracieux,
jouaient avec le vent. Du plus profond des eaux aux nuages duveteux, la nature
tremblait d'aise, et se saoulait de vie.
Et l'homme était
venu, avait trouvé ça beau. Assis au bord de l'onde, il avait contemplé toute
la beauté du monde réunie en ce lieu, et n'en voulant pas perdre ne serait-ce
qu'un instant, s'était installé sur ses bords sablonneux. Et l'homme s'était
cru le maître en son domaine. Pour mieux asseoir son siège, il a violé la
terre, décimé les forêts, détourné les rivières…
C'était un coin de
paradis.
D'autres hommes sont
arrivés, ont jalousé leurs frères, et déclaré la guerre. Le ciel s'est éclairé
de sinistres lueurs, reflétées par les eaux ; les pentes escarpées ont
fait rouler l'écho de sourds grondements sur la plaine endeuillée, et les eaux
pures du lac se sont teintées de sang. La nature frissonnait de dégoût.
Des jours, des
semaines, le vacarme de l'acier a fait taire les oiseaux. Les loutres apeurées
ont quitté le rivage et le saumon craintif s'est enfoui dans la vase. Puis tout
s'est embrasé. L'air est devenu feu, et l'atome glouton, déchaîné par les
hommes, a dévoré d'un coup la sereine beauté du site convoité. Et l'homme a
disparu.
C'est un coin de
paradis.
À l'est, la montagne
dresse fièrement sa tête coiffée d'un blanc bonnet, semblant protéger la plaine
de ses épaules rocheuses, tel un père bienveillant. À ses pieds, les bouleaux
font du charme au lac, où les roseaux, de leurs doigts gracieux, jouent avec le
vent. Du plus profond des eaux aux nuages duveteux, la nature tremble d'aise,
et se saoule de vie.
Dans un coin de la
rive, un plancher, blanchi par le soleil et le temps, s'en retourne doucement à
la terre. Sur ce sol incongru dans ce décor sauvage, une chaise de bois,
souvenir d'une époque où la folie des hommes défiait la nature, semble méditer,
solitaire, sur la beauté du monde.
Auteure : Céline Ansart
10 ans déjà de sérénité... elle se rappelait, ce
matin-là, en regardant le fauteuil laissé vide quelques minutes auparavant par
l'amour de sa vie, du tout premier regard échangé. Le bleu nuit de ces yeux
était resté longtemps gravé au fond de sa mémoire. Elle avait espéré très vite
pouvoir recroiser à nouveau le mystère de ce regard. La vie, le destin, le
hasard, quelque soit le nom qu'on lui donne, avait bien fait les choses...
Pourquoi repensait-elle à cela ce matin? Elle ne le
savait pas vraiment... Était-ce la lumière sur le lac si particulière ? La
légère brise caressant le visage de sa moitié tout à l'heure ? Ou tout
simplement, la fumée du café brûlant qu'elle avait vu tant de fois s'évanouir
au bord des lèvres tant aimées...?
Face à ce paysage pourtant familier, ce matin-là, elle
pensait à ces dix ans de vie commune, à cette femme qui la
rendait heureuse, encore et toujours... elle redessinait les courbes et
les rondeurs, elle pouvait sentir la douceur de sa peau, la chaleur de ses
baisers... mais... elle arrêta son esprit vagabond et, se demanda si, au
fond, l'infini et la volupté de ce paysage ne lui faisaient
pas penser à leur couple car ils étaient, tout simplement,
le reflet de leur amour...?
Auteur : Claude Arbona
J’ai
sonné, personne n’a répondu. Pas
étonnant, il n’y a personne, même dans le jardin. Qu’est-ce que je fais de ma pizza,
moi ? Livraison urgente,
paraît-il. N’empêche, ils ont une vue du
tonnerre de Dieu dans cette maison… Et ce calme, cette sérénité…. On n’oserait
même pas souffler sur l’eau pour ne pas polluer le tableau. Cela me rappelle les tableaux que la
maîtresse nous a montrés un jour d’excursion au Louvre.
Les couleurs, la lumière, la symétrie,
j’aimais bien sans comprendre et la maîtresse m’a confirmé qu’on n’avait pas
besoin de comprendre pour aimer, que c’était la petite flamme qui s’allumait en
vous qui était importante, une flamme ou une musique, quelque chose qui vous
réchauffe l’âme.
Si j'osais ... Oui, tant pis, j'ose, je vais les attendre ici, j'ai envie de faire parti du décor, de m'y fondre, le fauteuil me tend les bras. Il va bientôt faire nuit, j'espère qu'ils ne vont pas tarder tout de même.
Dans cinq minutes, je les appellerai sur mon portable, le patron m'a donné leur numéro au cas où.
Oui, dans cinq minutes ... J'ai tout le temps ...
Ce fauteuil, vide, si
près du bord, sur le ponton… Il s’est demandé pourquoi. Quelqu’un s’y est-il
assis, et a-t-il malencontreusement glissé dans les eaux calmes et sans rides
du lac ? C’est l’heure où le soleil a décliné à l’horizon, l’heure où la
luminosité diminue, et le ponton est peut-être glissant à cet endroit. Les
lieux semblant déserts, personne n’aura alors remarqué la glissade, la disparition,
puis sans doute la noyade. L’eau a l’air si paisible que l’hypothèse d’un drame
n’est que peu crédible malgré tout, tant l’endroit incite à la sérénité
absolue, mais elle n’est cependant pas à écarter totalement.
Le reporter-détective a
soudain une révélation : mais oui ! C’est évident ! La chaise et
le ponton n’ont rien à faire dans ce paysage ! Pour preuve, en observateur
qu’il est, il se passe bien volontiers de la possibilité de mirer dans ces eaux
si tranquilles, l’image pour le moins quelconque de ce ponton et du
fauteuil !
Non, il faut chercher
ailleurs. C’est alors que notre ami a sa seconde révélation : voilà que
son regard se portant au loin, y reste accroché, comme attiré par un aimant. Il
contemple cette vue splendide, et son reflet, tout aussi magnifique, jusqu’à en
oublier le temps, et l’espace. Soudain, il lui semble faire corps avec ce pic
rocheux majestueux, qui se baigne dans cette eau limpide. Sa pensée est comme
suspendue, il EST cet endroit, il EST, simplement. Il lui semble que tout
subitement devient clair.
Il ne peut y avoir qui
que ce soit sur ce ponton ni dans ce fauteuil, car seules la montagne et l’eau
peuvent se renvoyer leur image, et cette dernière est faite de pureté, de
beauté sauvage, de vérité sans fards, ouvrant à la voie de la Connaissance de
Soi, du renoncement à Tout, du vide, de l’état si rare de suspension des
pensées, là où, dans l’interstice entre deux pensées considérablement
ralenties, le Soi se glisse pour pénétrer dans les entrailles d’un Univers
inconnu et insoupçonné, là où la volonté et la conscience ne commandent plus,
là où se résolvent d’eux-mêmes les problèmes, où se dissolvent toutes seules
les tensions. Notre homme inconnu reste ainsi longtemps, très longtemps, mais
lorsqu’il revient à lui et au temps présent, il lui paraît qu’une éternité
s’est écoulée. Il conservera pour toujours en lui cette expérience si
troublante.
Au matin, dans le cadre de la fenêtre, sur un horizon
jauni par le soleil levant, les bois et la montagne s’enracinent dans le lac.
Le temps est suspendu à ce calme, l’air est immobile
et, sur la terrasse de bois, le fauteuil du jardin nous attend.
C’est un de ces instants magiques où rien ne bouge.
Les traits sont nets : pas de brume sur le bonheur, exactement ce que l’on
attend pour que l’âme et le paysage se confondent, se répondent, pour que la
nature soit en harmonie avec la pensée. Le temps d’une intime complicité.
Auteure : Catherine Dubreuil
Je suis venue m’installer dans
cette maison au bord du lac. J’y suis seule avec mes quatre chats. J’ai mon
confort, une femme de ménage, un jardinier et une cuisinière. Je n’ai plus
envie de faire les choses par moi-même. J’ai
les moyens de m’offrir ce luxe, pourquoi me priver de ces
compagnies ; pourquoi ne pas me débarrasser de ces tâches que je ne peux
et ne veux plus assumer.
Mon fils m’a donné une petite
fille que je vois souvent et qui me comble. Elle a maintenant 10 ans. Je
l’adore. Je l’écoute avec attention. Elle me livre ses petits secrets d’enfant.
Cet endroit est celui rêvé pour
attendre mon heure, celle où je partirai pour l’autre monde. J’aime le silence,
la beauté de ce site ; Les animaux que je vois et que personne ne dérange.
Je suis sereine. Le soir quand l’air est si doux, sur la terrasse bien calée
dans mon fauteuil, je médite sur tout ceux et celles qui ont croisé mon
chemin. C’est bon de penser particulièrement
à celui que j’ai quitté tout en l’adorant encore. Il a toujours sa place dans
mon cœur. Il l’ignore, mais je veille sur lui, à distance.
Je veux toujours savoir comment va sa vie. Si
je le savais malheureux, la forteresse que je suis sensée être s’écroulerait et
je le rappellerais près de moi pour le consoler et lui donner toute la
tendresse du monde.
« Par un beau dimanche, je lui ai dit Adieu. J’ai décidé
que l’heure était venue de m’éloigner de mon amant. Il y a eu le dernier
baiser tendre, fort et doux à la fois. Je suis partie et j’ai enfin pu laisser
couler mes larmes. Il est resté figé sur place, sans rien dire bien qu’averti
depuis longtemps que ce moment arriverait. J’étais déterminée, pas de retour en
arrière possible, il le fallait, il fallait que je tienne. »
" A toi, Mon
Amour,
Le moment est venu. Je
t’ai toujours dit qu’il viendrait ... Je
pars et tu dois continuer le chemin sans moi.
Je ne peux pas concevoir que tu assistes à ma déchéance, que tu me vois
tomber en loque. Garde de moi les souvenirs les plus beaux. Une autre t’attend
quelque part et tu connaîtras de nouveau le bonheur. Surtout, ne te fabrique
pas de carapace pour t’empêcher d’aimer, ce serait une erreur. Va mon amour.
Mes pensées t’accompagneront jusqu’à mon
dernier souffle. Je t’embrasse tendrement.
Je t’aime,
Ta Cathy "
Je suis maintenant une presque
vieille femme. Je vis avec mes souvenirs bons ou mauvais …. Dans l’ensemble je
peux dire que j’ai eu une vie plutôt riche, bien pleine d’amour et de haine, de
moments de bien être et de galères, de grandes joies et de déceptions, de fous
rires et de larmes. J’ai connu l’amour, des amours et encore l’amour.
Lui, mon dernier amour, comme je l’aimais et comme je l’aime
toujours. Il me manque, mais la vie va ainsi …
Il était doux, tendre et comme issu d’un autre monde disparu. Nous
avions tant de points communs que nous ne pouvions pas ne pas nous entendre. Il
était moi et j’étais lui et vice et versa. Nous avons été des amants
passionnés, nous nous voyions lorsque nous en avions l’occasion, le plus
souvent qu’il nous était possible et c’était bien ainsi. Notre flamme ne s’est
jamais éteinte. Plus nous nous voyions et plus nous avions envie de nous voir,
de nous aimer. Ces attentes étaient dures mais délicieuses.
Dans ce décor magnifique et
magique, je ferme les yeux pour mieux ressentir mon monde et lorsque le frais
arrive je rentre me coucher avec un bon livre. Je ne lis maintenant que des
livres d’amour, c’est si beau l’amour. Comme la vie a dû être triste pour qui
n’a pas ressenti ce merveilleux sentiment.
Alors aimez, aimez, aimez ...
Auteure : Barbara Hocquette
"Je ne
demande rien d'autre qu'un peu de paix et de repos !"
C'est cette
quiétude que nous recherchons tous autour de nous afin d'en faire nôtre. Celle
qui nous guérira de tous nos maux et qui viendra parfois mettre des mots sur
des actes que nous commettons et dont on ne comprend pas toujours quelles en
sont les causes...
On a
tous besoin de calme car c'est celui qui nous redonne le goût d'être et de
devenir... Quand on se sent apaisé, c'est comme si on nous avait offert une
seconde vie : celle qu'il n'est pas toujours permis de vivre et de jouir, tout
simplement parce qu'on a laissé bien d'autres personnes et surtout bien
d'autres choses devenir à nouveau nos priorités.
Mais
quand on se retrouve là, face à un paysage si zen, et bien on se dit que non,
la seule personne qui mérite vraiment toute notre attention et bien c'est nous
en premier.
Alors
c'est vrai que c'est très agréable de pouvoir partager et de dire à l'autre :
"vois-tu ce que je vois ? Entends-tu ce que j'entends ?" Et surtout
"comprends-tu ce que moi aussi je comprends ?"
Mais en même
temps être seul face à soi-même, c'est se donner tout simplement la possibilité
de renaître de ses propres problèmes car le jour où on ne sait plus dans quelle
direction on doit aller et bien se mettre quelques minutes à méditer c'est
comme si enfin on retrouvait le chemin de notre liberté. Celle qui nous permet
de penser par nous même et surtout d'agir en fonction de nos vrais besoins.
Alors
ne cherchons plus à nous distraire parfois au travers de compagnie bien peu
agréables mais laissons notre coeur et nos pensées nous guider vers un horizon
paisible, celui qui va nous redonner le sourire et surtout l'énergie dont on a
tant besoin pour aller de notre point A à notre point B.
"Nul
n'est prophète en son pays" dit-on parfois et pourtant c'est tout de même
100% de notre temps que nous passons avec nous-même...
Alors
apprenons à mieux nous connaitre et pour cela quoi de mieux que de se mettre en
admiration devant de tels paysages, ceux qui parfois sont dénués de vie... Et
pourtant si la vie n'existait pas, il n'y aurait sûrement pas cette possibilité
de pouvoir être en communion avec un monde si silencieux et pourtant plein de
bruits étranges!
Car
quand votre mental se met enfin à se taire et bien c'est là que vous entendez
votre petite voix intérieure, celle qui vous dit, où et comment, vous devez
avancer.
Alors
ne chassez plus le silence de votre quotidien et octroyez lui, de temps en
temps, une place privilégiée.
Vous verrez
que de rien, naît souvent quelque chose car quand le mental fait place à la
passion celle d'un coeur qui sait se remettre en marche et bien plus rien ne
peut aller à contre sens de votre démarche, qui est de savoir qui vous êtes
vraiment et surtout ce que vous souhaitez mettre en place dans votre existence
pour que tout rayonne en vous et autour de vous tel un effet miroir : celui d
'un paysage zen qui au détour d'une vie parfois stressante peut venir vous
ramener à l'essentiel, votre être tout entier.
Auteure : Amyah Labrèche Docq (gagnante du thème de ce concours)
Bon bien j’ai essayé, vraiment tout essayé. Pendant des jours et des
semaines je me suis triturée la muse au point qu’exaspérée, elle m’a claqué la
porte au nez, la vilaine. Sans elle, j’ai commencé bien des pages mais sans en
finir aucune. Le syndrome de la page blanche, abandonnée par ma muse, je
panique.
Les idées ne viennent pas, les mots restent figés dans leurs tiroirs car ma
muse refuse maintenant de les ouvrir… elle les a même enfermé à clef. Rien ne va
et pourtant… je voulais tellement écrire pour ce concours. Ma muse me
boude ! Qu’y a-t-il de plus dramatique pour un écrivain ? Une muse
boudeuse et avec une attitude. Elle ne m’avait jamais fait ça auparavant
pourtant. Peut-être qu’elle vieillit ? Aaahhh ! Quelle pensée
horrible ! Que vas-je faire avec une vieille muse ? Une muse se
transformant en vieille rombière ronchonneuse. Comment vais-je survivre à
cela ? Pourrais-je en acheter une autre ? L’échanger peut-être ?
Y a-t-il une garantie sur les muses passées date ? À investiguer !
J’ai essayé d’écrire sur la pauvreté et la misère… tellement de choses à
dire sur ce sujet. J’ai vu tellement de misère. Mais tout se bouscule dans ma tête et forme un bouchon à la pointe
de ma plume. C’est pourtant un sujet qui me touche tant. Mais nenni, rien ne
vient ! Des idées tout plein mais pas de mots qui restent pris quelque
part, sans doute dans les tiroirs bien gardés par ma muse grincheuse.
Quand à l’amour/repos et tendresse, bien là… ça ne va pas non plus. L’amour
et la tendresse ne font plus partie de ma vie depuis bien longtemps alors,
comment en parler ? Je ne sais plus. Quand au repos, bien… lui aussi fuit
mes nuits depuis belle lurette. Les murs de ma maisonnette ont maintenant
l’habitude de me voir hanter leurs nuits.
La jeune fille dans la barque… pas certaine que cela m’inspire… j’ai le mal
de mer et si ça bouge de trop… bon, je n’expliquerai pas les détails. Elle est
bien jolie, cette jeune fille, dans sa petite robe rouge. Elle semble rêver
tout en regardant les nuages passer. À quoi pense-t-elle ? J’aimerais bien
savoir.
Alors… que faire ? Je sais ! J’ai trouvé ! Je vais me
réfugier dans la quatrième image… Je vais prendre cahier et crayons et un
coussin dodu aussi et aller m’asseoir là, sur cette chaise, et admirer le calme
de cette nature et respirer l’air pur. Zen… être zen… oui, c’est la
solution ! Alors, de là, je pourrais écrire des histoires à nouveau. Ma
muse semble contente. Elle a entrouvert la porte et semble de meilleure humeur.
Oh ! Elle sourit ! J’ai retrouvé ma muse chérie. Alors, à bientôt mes
amis.
Auteure : Zoé Lalande
Voilà. Elle était arrivée à l’endroit exact. Le même
toujours.
Elle avait
juste eu quelques pas à faire pour quitter la route et se glisser le long du
talus.
Elle appuya
son dos contre l’écorce de l’arbre. Son arbre. Elle aimait son contact rugueux et le tronc
était un dossier juste rigide comme il fallait pour soutenir le dos et la tête.
Et la même
paix l’envahit en contemplant le
paysage.
En
contrebas, la Loire s’écoulait, calme et
lisse. Bleutée. Paisible d’une rive à l’autre. Belle, si belle.
On était début Juin, le moment de l’année
qu’elle préférait. Le soleil commençait à peine sa course au dessus du fleuve, dorant
sa surface par endroits. Rien au monde
ne pouvait être plus beau à ses yeux que cette lumière sur l’eau au
lever du soleil.
Les arbres
se reflétaient dans ce miroir
orchestrant une apaisante
symphonie en vert.
A cette
saison, les bancs de sable commençaient
à apparaître, formant des petites iles pour les échassiers. Leurs
minuscules silhouettes s’activaient comme des personnages de dessin animé.
Au bord de
l’eau, une poule d’eau surveillait ses poussins
qui plongeaient. La Vie est belle
pépiaient ces magiciens miniature qui,
en s’ébrouant, faisaient gicler une multitude de gouttelettes argentées.
Au loin, les
toits d’ardoises et les façades de tuffeau bordaient l’horizon de leurs
couleurs contrastées. L’Anjou bleu et blanc.
Une toue
cabanée se balançait … Heureusement, l’heure était trop matinale pour que des touristes amateurs de balade au
fil de l’eau viennent rompre le silence de ce clair matin.
En fait, ce n’était pas silencieux du
tout car il y avait les chants des oiseaux ; mais, ils étaient la musique naturelle du paysage, un accompagnement tellement parfait qu’ils en étaient indissociables. Tout comme les parfums de terre et d’eau qui
fredonnaient dans l’air.
Totalement immobile, elle était à son tour entrée dans le
tableau de Dame Nature.
Ce jour-là,
un compagnon à 4 pattes s’installa à ses côtés, Il rôdait sans doute
dans les herbes à la recherche d’un petit rongeur. La famille poules d’eau
était maintenant partie au large et ne craignait donc rien du matou. Pas
sauvage et fatigué par sa chasse
nocturne, il se coucha à ses côtés.
Alors elle
se dit que si le paradis existait, il devait ressembler à ça.
Auteure : Amédine Mas
Au bout de sa longue route, Elsa s’approcha lentement du
fauteuil qui tendait ses bras inutiles vers la surface du lac mais Elle ne
s’assit pas tout de suite.
Elle écouta longuement le grand silence des montagnes, et
la grande douceur qui montait en elle. Elle était arrivée au bout du chemin,
celui de la douleur, de la désespérance, Elle allait déposer ce poids devenu
inutile sur le fauteuil, ou peut être le noyer dans les eaux du lac, enfoui
pour l’éternité…
Elle ouvrit son cahier relié de cuir vert et laissa couler
les mots, presque à son insu.
……....……………………………....................................................
« Octobre 200……Que suis-je venue chercher sur ces
chemins de montagne où l’automne jette déjà avec parcimonie quelques
éclats dorés ?
Suis-je
venue chercher l’ombre de Wladimir enfuie ?
L’ombre
de nos amours perdus ?
L’ombre
des lointains souvenirs d’une première rencontre dans un éclatant matin
d’été ?
Suis-je venue chercher l’ombre complice des grands arbres
témoins de deux silhouettes, l’une très grande et l’autre toute petite ?
Suis-je venue chercher les reflets des arbres roux sur les
chemins de pluie ?
Ou tout simplement suis-je venue à la rencontre d’une femme
désormais seule, moi, l’éternelle solitaire condamnée à une éternelle solitude,
rançon douloureuse de la liberté ?
Oui, peut être moi-même seulement suis-je venue chercher…
Car je n’y trouve guère la trace de nos pas, la trace de
ces petites tranches de vie qui n’en étaient pas vraiment, éclats de vie,
devrais-je dire, pas les mêmes, pas pareillement vécus par chacun de nous deux…
Je fus pour lui une présence ; il fut pour moi une
absence…
Pour lui, sans doute, furent-ils des instants volés à une
garce de vie, des paillettes de bonheur, des éclats de joie dérobés à
l’austérité.
Notre silence, le plaisir de la marche, l’absence de
questionnement, l’absence même de gestes ou de mots de tendresse lui allaient
comme un gant.
Et
pour moi ? Pour moi, ce fut la sérénité d’avoir une grande silhouette à
mes côtés, l’illusion, sans doute, non formulée, d’être une femme
normale ; une femme avec un homme fort, doux et paisible à ses côtés.
Pour moi, ce fut encore une absence, sa présence à mes
côtés : j’aurais aimé, qu’il parlât, qu’il m’expliquât, qu’il me dise,
qu’il exprimât…
Non pas sa vie de tous les jours ! Mais sa vie avec
moi. Savoir comment il la vivait, ce qu’elle représentait, ce qu’elle lui
apportait, ce qu’il en espérait, ce qui lui manquait et surtout, surtout, ce
qu’il ressentait.
Wladimir n’est pas de ces hommes-là, qui se posent des
questions, qui analysent. Wladimir vit au présent…
Je lui
expliquais mon vécu, mon ressenti. Lui, il se taisait. « Le passé, c’est
le passé » disait-il. Et d’ajouter : « On n’en parle
plus. » Mais il ne parlait pas du présent, de son présent avec moi, ni de
l’avenir, de son avenir avec moi. Qu’espérait-il ? Comment aurait-il voulu
qu’il fût ? Qu’étais-je dans sa vie ? Qui étais-je dans sa vie ?
Quelle était ma place ?
Pour lui, sans doute, chaque chose était rangée à sa
place : sa vie, son travail, sa femme, ses poissons, ses tortues, sa
voiture, ses ennuis, moi, Elsa, son évasion. On tire un tiroir et on sort
l’objet puis on le rentre une fois fini. C’est la vie tiroirs.
Il y avait moi, dans un tiroir. Ce tiroir qu’il ouvrait
parfois aux heures et aux jours ouvrables, un petit coup de téléphone, en
passant…
Et puis le tiroir « randonnées ». Il me sortait
du tiroir «Elsa » et me logeait pour quelques heures dans le « tiroir
randonnées ».
A la fin de la journée, lorsque j’étais encore toute pleine
et toute chaude de notre randonnée, de notre journée, des lacs et des cimes,
des reflets et des fleurs, et puis toute pétrie de nos instants, et des
souvenirs qu’il allait me laisser, dont je ferais ma nourriture pour de longs
jours, il montait dans sa voiture, branchait ses oreillettes, et me disait
gentiment : « Moi, dès que je démarre, je suis déjà rentré chez
moi » ! Me laissant en plan avec ma chaleur, ma tendresse, mon amour,
et le manque, déjà…
Me laissant en plan avec ma solitude.
Le jour où il me dit cela pour la première fois, sur la
rive de ce lac de montagne, ce fut comme si la montagne perdait de son
relief !
Et de
ce jour, j’enterrai les « après Wladimir » : il n’y eut plus de
chaleur enfouie, de souvenirs cultivés comme un jardin, de bonheur comme un
terreau. Il y eut une femme de plus en plus seule.
« Je ne peux pas faire
autrement ! »…se plaisait à répéter Wladimir.
Wladimir, tu ne pouvais pas faire autrement ?
Moi, si !
Et je suis partie. C’est tout ce que je pouvais
faire ; tout ce qui me restait à faire !
Pour enfin atteindre la sérénité … »
……....……………………………....................................................
Elsa s’assit enfin dans le fauteuil et aligna ces simples
mots dans le cahier relié de cuir vert….
Merci à toutes et à tous pour votre participation à ce concours. J'espère que vous serez présents au prochain et aussi bon !
RépondreSupprimerPareil que pour la "Jeune fille dans la barque", pour celui-ci aussi nous trouvons de bons ingrédients : l'humour, l'amour, la légèreté .... C'est excellent !
Amicalement
Chantal
Secrétaire Editions Plumes et Talents
Hello! Sympa d'avoir publié tous les retours, pour ma part, j'ai pris le temps de revisiter mon texte sur mon blogue sous le titre "L'instantané" que tu as lu je crois? A bientôt et bon courage pour tout ça!!
RépondreSupprimerMerci Céline.
SupprimerOui, je l'ai lu comme je lis tous tes textes.
Bises et à bientôt !
Chantal