Elisabeth Milbeau
J’observe le portrait que Maman vient de me donner. Une
jolie jeune femme brune à son bureau, un crayon à la main, en pleine réflexion.
C’est Mathilde ma grand-mère. Quand elle est morte, d’une chute dans
l’escalier, Maman avait deux ans et sa sœur quatre ans. Peu de temps après son
père était parti au Brésil, inconsolable prétendait-il de la mort de sa femme.
Mort suspecte disait Daphnée, la tante de Maman, qui avait élevé les deux petites orphelines.
Je caresse la photo. Le cadre est en mauvais état et je vais
tenter de le restaurer. Délicatement je l’ouvre, une lettre en tombe que je
déplie en tremblant. Je lis:
Quand les choses ont-elles commencé à déraper, pourquoi cette violence ? Qu’ai-je donc fait pour susciter sa colère ? Et ses scènes de jalousie ? Oui, bien sûr quand il me reproche un acte que j’ai fait sans son accord, une parole malheureuse qu’il juge être prononcée à son encontre, un sourire que m’aurait adressé Pierre, Paul ou Jacques, je réplique, je me défends. Pourquoi devrais- je constamment demander sa permission ?
N’ai-je pas le droit d’avoir mon opinion, différente de la sienne, et en quoi un sourire est-il répréhensible ? Il ne supporte pas que je lui tienne tête. Alors il me secoue et me jette par terre puis me crible de coups de pied.
Il faut que je me taise. J’ai l’impression de m’enfoncer dans le néant. Peu à peu je perds confiance en moi. Pourtant il faut que je conserve assez de force pour passer mon concours de professorat et me rendre à l’école où je suis institutrice. Egalement pour m’occuper de mes deux petites filles que j’adore...et de leur père que je ne supporte plus.
Je suis prise au piège. Pas question de partir en emmenant mes deux enfants...Je n’ai pas le droit de les priver de leur père. Je me suis mariée pour la vie. C’est ce que m’a appris mon éducation familiale, religieuse, sociale.
Il y a deux jours il a failli m’étrangler. Je suis arrivée à me dégager et me suis réfugiée dans la chambre des enfants dont j’ai fermé la porte à clé. Le lendemain, je passais une des épreuves de mon concours. Je crois qu’il ne supporte pas que je fasse des études.
Une de mes voisines a remarqué les traces autour de mon cou. Il y a un mois mes collègues avaient vu l’hématome qui couronnait mon œil droit.
Après chaque scène il me supplie à genoux de lui pardonner, jure qu’il ne recommencera pas. Puis il me menace. Si je le quitte, il me tue, moi et mes filles. Il en est capable. Je vis dans la peur. A qui me confier ? Maman ? Elle ne me croirait pas tant il l’a manipulée. La police ? Impensable. On ne dénonce pas son mari, le père de ses enfants.
J’entends sa voiture. Vite que je cache ce mot...je continuerai plus tard.
Mes yeux sont embués de larmes. JE m’assois à mon bureau,
pose la tête sur ma main, bouleversée par ce lourd secret qu’une lettre datant
d’il y a cinquante ans m’a fait deviner
Amyah D.
Ce texte est
le début d’un de mes livres pour enfant que je suis en train d’écrire. Dite-moi
ce que vous en pensez, svp :)
Un papillon
batifolait de fleur en fleur. Heureux de vivre, il réchauffait ses ailes toutes
neuves sous le soleil du printemps. Comme c’était bon de s’étirer, de voler, de
respirer après ce long séjour dans un cocon exigu.
Épuisé et
affamé après la longue lutte pour sortir de son cocon, il se posa sur une fleur
pour réfléchir et manger un peu de ce nectar odoriférant. Perdu dans ses
pensées, il n’avait pas vu la chenille s’approcher. Quand elle lui adressa la
parole, elle le fit sursauter.
– Oh !
Comme tu es beau, s’exclama-t-elle.
Papillon la
regarda. Comme elle était drôle avec tout ce duvet ébouriffé. Son rire mourut
sur ses lèvres car soudain, il se rappelait de tout. Il se rappelait qu’il n’y
a guère ~ peut-être il y a longtemps, il ne se souvenait plus ~ lui aussi était
une chenille toute ébouriffée.
Chenille le
regardait toujours, elle semblait ébahie par la beauté de ses ailes
magnifiques.
– Comme tu es
beau, répéta-t-elle. Comme cela doit-être bon de voler au lieu de ramper sans
arrêt. Comme je t’envie. Mais moi, je suis condamnée à ramper laborieusement
jusqu’à la fin de mes jours. C’est sans espoirs ! Quelle vie !
Une larme coula
sur sa joue et se perdit bien vite dans la touffe de poils. Papillon la
regarda, tout attendri.
– Mais ne
pleure pas, petite amie car bientôt tu seras comme moi, un joli papillon.
– Moi, un papillon ?
Mais voyons donc, Papillon…tu divagues. Comment pourrais-je jamais voler ?
Tu as vu comment je suis attifée ? Tu as vu toutes ces pattes que
j’ai ? Encore heureux que je n’aie pas à me chausser. Puis ce corps
rondouillet entouré de poils hirsutes. Quoique je fasse, je n’arrive pas à
peigner correctement cette moumoute ridicule. Non, je crois que tu es
magnifique mais que côté cervelet, tu n’es pas gâté. À moins… à moins que tu ne
me tires la pipe. Papillon rigola, il aimait bien Chenille.
– Allons, Chenille.
Laisse-moi t’expliquer ce dont je me rappelle. Tu veux que je te raconte mon histoire,
ma vie avant de devenir un papillon ?
Chenille hésita
un moment. Devrait-elle écouter Papillon ? Et si c’était un
charlatan ? Les Anciens chenilles font de longs discours où ils parlent
d’une autre race d’insectes qui racontent des histoires à dormir debout. Mais
bizarrement, il pensait souvent à ce que les Anciens disaient. Cela le faisait
rêver. Ils disaient que ces autres insectes racontaient que les chenilles ne
mouraient pas mais qu’elles devenaient quelque chose d’autre, quelque chose de
tellement beau qu’aucun mot dans la langue chenille ne pouvait vraiment
expliquer. Il avait toujours rêvé de rencontrer un de ces étrangers. Est-ce que
Papillon saurait ? Peut-être pourrait-il le guider vers ces étrangers ou…
Oh ! Peut-être serait-il un de cette race ? Il est tellement
beau !
Dans sa
famille, tout le monde le ridiculisait, lui disait qu’il était un rêveur. Il ne
pensait pas tout à fait comme les autres chenilles ce qui faisait que souvent,
bien trop souvent, il était victime des brimades de ses compagnons d’école. On
le ridiculisait, le bousculait, le poussait… on se foutait de sa gueule aussi
et le traitait de nom pas très jolis. Il était toujours triste et ne trouvait
la paix dans son cœur que lorsqu’il venait se promener et escalader les hampes
des plus hautes fleurs. De là-haut, il se sentait au sommet du monde et se
permettait de rêver des rêves que les chenilles n’avaient pas le droit de
rêver, si l’on en croyait les Anciens qui étaient de vieilles chenilles aigries
et rabougries, contrôleuses et ronchonneuses…
Thème : La hâche
Françoise Louis-Chambon
Parfois, chez les gens, il y a une petite clochette à la
porte pour dire bonjour. Ou bien, on s’essuie les pieds sur un paillasson griffé
" Home sweet home ". Ca veut dire bienvenue chez nous, dans
la maison de la famille parfaite et polyglotte. Chez moi, quand on ouvre la
porte, on tombe sur la hache plantée dans un billot de bois. Ca veut dire ce
que ça veut dire. Pas la peine de me poser des questions. J’aime pas les questions ni ceux qui les posent. J’aime pas
les gens…
Avant, j’avais une jolie maison blanche avec du lierre sur
les murs et du feu dans la cheminée. Avant, mon chien me sautait dans les bras
quand je rentrais. Avant, mon homme m’embrassait
comme un noyé se jette sur la terre retrouvée. Il buvait mes lèvres, mordait ma
chair, la vie était un festin.
Ils n’ont jamais su la douceur de nos jours ni l’ivresse de
nos nuits. Ils n’ont pas voulu imaginer. Ils lui ont juste demandé… Où
étiez-vous le 10 janvier à 20 h ? Pourquoi avez-vous changé de chemise, déchiré
votre veste. D’où viennent ces traces de griffures sur vos mains ? Quand ?
Comment ? Et pataqui et pataquoi…
Elle avait quatorze ans. Il paraît qu’elle est morte, la
tête fendue par une hache. On n’a pas idée de pareilles horreurs. Parfois, les
gens se changent en monstres. J’aime pas ces bêtes-là, j’aime pas les gens. Alors,
quand on vient chez moi, c’est pas : " Bonjour chez vous ",
ni " Entrez donc, je vous en prie ", ni autres niaiseries. Mais
: " Je vous présente mon amie la hache. Elle m’aide à couper le
bois ". Pas besoin d’expliquer, de palabrer à n’en plus finir… En
général, ils détalent comme des lapins.
Thème : Amitié/Amour
Emeraude
Depuis l'enfance
Unis
Par une tendre
Complicité
Un lien
Que rien
Ne peut briser
Fine fleur des sentiments
Est une mer limpide
Bordée de palmiers
Ensemble
Ils ont couru vers elle
Pour se baigner
Puis un jour
Leurs lèvres
Se sont rapprochées.
Une vague de passion
Tel un éclair
Les a foudroyés !
A en perdre
La raison
Lorsque la nuit
A descendu
Ses marches de velours
Sous la lune
Sur la plage du désir
Ils se sont aimés
L'un dans l'autre
Eperdus
Égarés ....
Leurs lèvres
Se sont rapprochées.
Une vague de passion
Tel un éclair
Les a foudroyés !
A en perdre
La raison
Lorsque la nuit
A descendu
Ses marches de velours
Sous la lune
Sur la plage du désir
Ils se sont aimés
L'un dans l'autre
Eperdus
Égarés ....
Émeraude D C
Thème : Une femme avec une femme
Jean-Pierre Elrod
Une femme avec une femme
Toi avec qui j’ai vécu ma jeunesse
Toi qui n’as eu que de la tendresse,
Moi qui n’ai eu que de l’espoir
J’ai cru en ta présence de m’émouvoir.
Aujourd’hui, je suis obligée de t’avouer,
Lors de nos débats, je ne t’ai jamais
regardé
Car si mon corps était présent, mes
pensées
Allaient vers une autre personne aimée.
Lorsque tu me caressais avec doigté
Ce n’était pas tes mains que je
ressentais,
Quand tu m’embrassais avec légèreté
Ce n’était pas tes lèvres qui me
plaisaient.
Aujourd’hui, je suis obligée de t’avouer
Que la nature depuis longtemps a décidé
Que je ne serai bien et qu’appréciée
Une personne du même sexe dont je suis
née.
Je regrette sincèrement si ton cœur en est blessé
Mais jusqu’à ce jour, je ne pouvais
m’exprimer.
Je te demande à cela de ne pas me juger,
En souvenir de notre jeunesse d’accepter
mon amitié
Thème : Au bout du chemin
Paul Garcia
En vacances, je fuis
les lieux bondés où tout un à chacun s’agglutine sur une portion congrue de
plage, afin d’offrir leur corps pâlichon aux effets traîtres du soleil. Je
préfère de loin m’aventurer dans des endroits déserts à la recherche de trésors
cachés. Aujourd’hui, je trotte allègrement sur un sentier bordé d’arbres et
jouxtant les méandres d’une rivière au flot guilleret. Mais voilà que le
sentier se transforme en une impasse bouchée par des herbes hautes agressives.
Elles sont le dernier rempart, les dernières gardiennes d’un temple sacré. Un
temple sacré ? Voilà de quoi revigorer ma soif d’aventures.
Téméraire, avec
beaucoup de difficultés, je franchis ce bouclier végétal. A la fin de mon
périple, je me cogne contre des rails solitaires. D’où sortent-ils ? Où
peuvent-ils aboutir ? Amusé, je me mets à suivre leur itinéraire, dernier
vestige d’une activité ferroviaire du passé. Les herbes, orties et autres
espèces rampantes végétales et sauvages s’ingénient à me dissimuler sans cesse
la piste de cette voie ferrée. A un moment la récompense suprême se présente à
mes yeux. Le fameux temple sacré, le diamant vert que chaque aventurier en
herbe rêve de découvrir un jour ou l’autre, s’offre à moi. Elle est là,
fièrement ancrée dans le sol rocailleux, envahie par les fleurs, les herbes
folles et par divers animaux rongeurs : la gare de Parmotan. Faite en un
matériau noble qui a résisté aux frivolités du temps, elle propose à ma vue sa
façade dont le bois, tapissé de mousses décoratives, est devenu spongieux à
souhait. Des toiles d’araignées décorent ses angles torturés. Des trous dans le
mur logent des écureuils sauvages.
Abasourdi par une
telle découverte, j’avance vers l’unique banc de la gare pour m’y asseoir avec
précaution. Heureux, ravi d’avoir trouvé un tel trésor d’une époque révolue, je
ferme les yeux de bonheur. Mais le banc se met à trembler. Au loin, une cloche
tinte. Une voix rocailleuse lance :
- Parmotan, huit
minutes d’arrêt ! Parmotan, huit minutes d’arrêt !
En ouvrant les yeux,
je suis subjugué par la beauté d’une jeune femme, suivie par deux enfants. Elle
est vêtue d’une toilette du siècle dernier, ornée de dentelles dansant au vent,
et d’un chapeau à voilette. Elle tient fièrement une ombrelle pour se protéger
du soleil. Derrière elle, un bagagiste pousse un diable empli de ses valises.
Le train, tant attendu, entre en gare, crachotant fumée et poussières. Un seul
monsieur à chapeau melon en descend. Le chef de gare aide les jeunes enfants et
la mère à monter dans le train. Le bagagiste place rapidement les valises dans
le compartiment et en redescend aussi vite. Le chef de gare agite déjà son
drapeau rouge. Un coup de sifflet strident résonne et le train démarre dans un
rythme progressif et régulier, exultant vapeurs et fumées. A la fenêtre, l’un
des deux enfants me fait un signe de la main auquel je réponds par un simple et
timide signe de tête. Du regard, je suis le train, il s’évanouit dans la mer
des hautes herbes.
Enfin conscient de
l’événement étrange qui se déroule sous mes yeux, je porte mon regard vers...
Mais vers quoi, bon sang ? Seuls, les
écureuils se foutent de moi et les araignées continuent à voltiger de fil en
fil. Et moi, je suis là ! Interloqué, choqué, en me demandant si je n’ai pas
trop consommé de... non pas d’expédients stupéfiants, mais plutôt, au-delà d’un
certain réel, d’épisodes de la quatrième dimension.
Thème : Paysage vert
Marie-Hélène Courtin
Dans mon petit jardin, c’est la guerre !
On pourrait s’y tromper. Tout a l’air, comme ça, calme,
tranquille, serein. Le chat se chauffe au soleil. Un papillon voltige. Les
mésanges pépient, voletant d’arbre en arbre. Une brise berce en silence les branches
du laurier. Paresseusement, le figuier met ses feuilles. Les lys sortent de
terre. Lavande, verveine, romarin, basilic, tout ce vert nous apaise, tout
respire la paix…
Et pourtant c’est la guerre !
Penchez-vous au dessus, regardez un peu mieux.
La timide pervenche attaque la pariétaire. Le liseron, si
frêle, ligote, étrangle la violette. L’ipomée volubile enlace le rosier d’une
étreinte mortelle. Le jasmin se faufile et l’air de rien colonise le lierre. Le
troène, royal, se pousse et défie le mûrier. Face à face sanglant, suspens
insoutenable : Qui des deux reculera ?
Ce qui se trame en dessous n’est guère plus élégant.
L’acanthe, comme une pieuvre, lance ses racines à l’assaut
du sous sol. Les belles de nuit, s’enfouissant toujours plus profond, années après
années, envahissent l’espace. Et les lilas têtus repoussent ça et là...
La bataille fait rage, silencieuse, sournoise. On gagne du
terrain, on perd des territoires. Les vaincus se replient, jaunissent, se
dessèchent. Pas de cris, pas de sang, c’est propre, sans appel !
La lutte, le bras de fer, n’auront jamais de fin. C’est
comme la guerre d’Irlande, les vendettas corses, Palestine et Israël! Pas de
cessez-le-feu, d’armistice, de trêve. Hier c’était Austerlitz, mais viendra Waterloo.
Tout dépend du son de cloche qu’on écoute, par quel bout de la lorgnette on
regarde, et à quel moment on arrête l’histoire. Le vaincu d’aujourd’hui sera
peut-être vainqueur demain… Le combat ne s’arrêtera qu’avec la fin du monde. La
mort du dernier partisan n’y suffirait pas. Il y aura toujours, quelque part dans le monde, un
arrière petit cousin prêt à se réveiller un jour persuadé qu’il est vital pour
lui de venger la mort de son aïeul. La haine est toujours prompte à renaître
des décombres, le feu couve sous la cendre, l’orage n’est jamais très loin.
Le temps seul jugera…
Et moi, je joue à Dieu ! Je plante, j’arrache, je sème.
Je bouture, je taille !
Peine perdue, illusion vaine ! Comme la marée emporte
les châteaux de sable, les années peu à peu anéantiront mes efforts de « simple
mortelle ». La nature reprend toujours ses droits…
Non ! Nature n’est pas «un temple », Nature
est une jungle où on ne fait pas dans la dentelle, où tous les coups sont
permis. Sans états d’âme, sans pitié. Rien de personnel : « Just business ! »
Pourquoi vouloir de l’homme qu’il soit plus
raisonnable ? Parce qu’il a un cerveau ? Qu’il opère à cœur ouvert, a
inventé la roue et guérit le cancer ? Pfttt ! Il a aussi un égo
qu’il lui bouche la vue, le fait voir à court terme, et de façon étroite. Plongé
dans la contemplation de son nombril, il détourne les eaux, goudronne les
chemins, coupe les pins centenaires autour de sa piscine et, comble de l’horreur
- Ô honte, ô barbarie - assassine les journalistes, croyant tuer la liberté!
Thème : Femmes
Jean-Pierre Erold
Portrait de
femme
Que
serait-elle sans bonheur
Si chaque
jour son cœur
Ne pouvait
ressentir cette joie
Nécessaire
pour son émoi.
Une femme
sans bonheur
Est une
fleur sans parfum,
Un regard
sans douceur
Et un visage
sans teint.
Pour qu’elle
soit heureuse
Il ne suffit
pas de grand-chose,
Lui prouver
que l’on est heureux
Et de lui
offrir une rose.
Avoir chaque
jour des petits gestes,
Comme un
baiser à son réveil
Ne pas
oublier de lui dire qu’elle est belle
Et que votre
vie ne serait rien sans elle.
Thème : Monsieur Renard
Amyah D.
Un
renard sur un arbre perché… euh… non… non, c’est pas ça. Allez, je recommence.
Un
corbeau sur un arbre perché tenait dans son bec un fromage. Le renard, à ses
pied s’essaie bien de le vanter mais le fin finaud est un érudit et il a lu la
fable, alors il est sourd aux paroles mielleuses du renard et tiens bien fort
son délicieux fromage avec bec et griffes.
Monsieur
Renard, assis au pied de l’arbre et le cul dans la neige froide est bien
désespéré. Aucuns de ses compliments n’arrivent à ses fins et cet oiseau de
malheur ne lâche pas le morceau. Pourtant, s’il se fie à l’histoire de son
arrière-arrière-arrière-arrière-bon encore trois fois arrière-grand-père, c’est
supposé fonctionner à tout coup.
Ah !
Ce que son estomac gargouille ! Voyant qu’il n’arriverait pas à ses fins
et ayant son cul gelé, il se leva et couru pour se réchauffer. Une odeur fit
soudain frémir ses narines. Oh ! Que ça sentait bon ! Grands dieux
qu’il avait faim ! Suivant l’odeur, il arriva à une maisonnette…
s’approcha tout doucement, certain que personne ne le voyait. Le nez en l’air
il humait le fumet. Mais plus il humait plus son estomac gargouillait.
Il
approcha encore plus pour remplir ses naseaux frétillants de l’effluve, du
parfum grisant qui l’amenait quasiment au Walhalla.
Un
bruit le fit sursauter brisant du coup sa méditation, le figeant sur place, la
patte droite en l’air, la queue dressée, les oreilles aux aguets, le cœur
battant la chamade. Un léger bruit, comme un glissement, un chuintement.
Danger ? Tous ses sens aux aguets, il écoutait. Un
mouvement, à quelque pas de lui… l’odeur se fait plus forte en même temps qu’un
tout léger vent de chaleur. Un humain a ouvert la porte là, à même pas un mètre
de lui. Ne sachant que faire, hypnotisé par l’arôme, il ne bouge pas… il est
pétrifié. Il y a quelqu’un derrière la porte, il voit la silhouette d’un
humain, il voit sa main s’avancer à travers l’ouverture et déposer délicatement
un plat dans la neige. La porte se referme aussi doucement qu’elle ne s’est
ouverte… juste un chuintement à peine inaudible.
Monsieur
Renard s’approche à pas comptés, guidé par son nez, il ne peut résister. Il est
affamé. Le plat est plein de bouffe. Oh ! Joie ! Son estomac vibre,
sa bouche bave, son nez frétille… ça sent bon. Avec précautions et du bout des
dents, il prend une petite bouchée. À travers la vitre de la porte, il voit ~
du coin de l’œil ~ l’humain assis sur le sol qui le regarde avec un grand
sourire. "Mange, mon petit", qu’il l’entend dire."Quand tu auras
faim, reviens. Il y aura toujours de quoi pour toi, petit coquin".
Sachant
qu’il n’a plus rien à craindre, il vide le plat. Oh ! Que c’est bon et
tout chaud dans l’estomac. Monsieur Corbeau peut-bien garder son fromage gelé.
Monsieur Renard est maintenant rassasié. Merci, humain, de ton amitié.
Tous thèmes confondus :
Françoise Louis-Chambon
Quand j’étais petite, je vivais à
la campagne dans une maison qui sentait bon le café chaud et le feu de bois.
Elle avait appartenu à mes arrière
grands-parents dont un tableau, d’une précision photographique, immortalisait
le souvenir dans la salle à manger. Lorsqu’il y avait de la neige, à quelques
mètres des vitres de la cuisine, il m’arrivait de voir un renard
" par l’odeur alléché ", comme dans la fable que j’avais
apprise à l’école. Je l’appelais Monsieur Renard, mais je n’avais pas le droit
de lui parler. Il me regardait l’œil suppliant, mais je n’avais pas le droit de
le regarder. Il me disait : " Jolie petite fille laisse-moi
approcher, aime moi ". Mais je n’avais pas le droit de l’aimer.
Moi, je rêvais du prince charmant
et tout le monde sait que le prince charmant peut se déguiser en crapaud ou en
renard… Tout le monde, sauf ma mère. Alors, je faisais semblant de ne pas le
savoir non plus. Mais j’avais tout prévu pour le jour où IL viendrait. Dans ma
chambre, sans qu’elle me voie, je me changeais en princesse. J’enfilais le
costume qu’elle avait cousu pour le spectacle de l’école et j’attachais à mon
cou le collier qu’elle gardait enfoui dans le tiroir de sa commode. Je
ressemblais à Sissi l’impératrice, IL ne pouvait pas se tromper…
Quand le printemps revenait
verdir le jardin, je me cachais derrière les bosquets pour rêver à ma vie
d’après. Les papillons dansaient la farandole autour de moi. Il y en avait de
toutes les couleurs, des blancs des bleus et même des jaunes et noirs.
C’étaient les plus beaux. Le prince charmant peut aussi se déguiser en papillon
jaune et noir. On ne sait jamais ce qui peut se passer dans la tête d’un prince
charmant.
Aujourd’hui, j’ai trente-cinq ans
et j’écris ces lignes dans la maison désertée. Mon père et ma mère m’ont
quittée. De lui, me reste la hache qui lui servait à fendre les bûches pour la
cheminée. D’elle, la robe de fiançailles de sa grand-mère adorée. Mon amie
Marianne dit qu’elle me va comme un gant. Me serais-je trompée d’époque ?
Je n’ai toujours pas trouvé le prince charmant qui me prendrait les mains pour
me faire valser les pieds dans l’eau, dans un pays où il fait toujours beau.
D’ailleurs, je ne sais plus vraiment si c’est un prince ou une princesse que je
cherche. Marianne est si belle et je l’aime tant… Il paraît que les princes
peuvent aussi se déguiser en princesses.
Ma route est encore longue, elle
commence à peine. De la fenêtre de la cuisine, je n’ai plus jamais vu le renard
de mon enfance, ni les papillons jaunes et noirs. Mais je vois toujours le
chemin qui mène ailleurs. Enfin, le début du chemin. Après le tournant, c’est
peut-être le village, ou un autre monde… Après le tournant, la vie d’après
m’attend.
Coucou ma Chantaloup
RépondreSupprimerBravo aux gagnants ! Pour un certain nombre de textes, j'ai fait le bon choix...
Bisous
Béa kimcat
C'est vrai ma Béa, tu as le goût très sûr ! Il y avait d'autres textes qui étaient très bien aussi, mais c'est un concours n'est-ce pas ....
SupprimerGros bisous
Chantaloup
Bravo aux gagnants... j'ai passé un agréable moment à vous lire.
RépondreSupprimerJ'ai été très heureuse d'avoir été choisie aussi... disons que ça m'a remonté le moral :) J'ai bien hâte de lire les commentaires des autres membres du groupe sur tous les écrits des gagnants.
Bonne journée et bonne lecture à tous
Amyah
Merci beaucoup Amyah, je suis pour ma part très heureuse de l'agréable moment que tu as passé.
SupprimerComme convenu, les textes gagnants paraîtront dans le recueil avec l'accord des auteurs.
Nous n'en sommes pas encore là malheureusement, mais nous sommes prêts !
Comme à tout le monde, il manque "les pepettes" !!!!
Amitiés
Chantal
Bonjour à vous toutes et vous tous
RépondreSupprimerJe remercie le jury d'avoir sélectionné mes deux modestes poèmes.
Mais je dis bravo à tous les autres membres, qui ont aussi participé pour le plaisir de nos yeux. Jean-Pierre Elrod