Auteur : Amyah D. (Gagnante pour ce thème)
Un
renard sur un arbre perché… euh… non… non, c’est pas ça.
Allez, je recommence.
Un
corbeau sur un arbre perché tenait dans son bec un fromage. Le
renard, à ses pied s’essaie bien de le vanter mais le fin finaud
est un érudit et il a lu la fable, alors il est sourd aux paroles
mielleuses du renard et tiens bien fort son délicieux fromage avec
bec et griffes.
Monsieur
Renard, assis au pied de l’arbre et le cul dans la neige froide est
bien désespéré. Aucuns de ses compliments n’arrivent à ses fins
et cet oiseau de malheur ne lâche pas le morceau. Pourtant, s’il
se fie à l’histoire de son arrière-arrière-arrière-arrière-bon
encore trois fois arrière-grand-père, c’est supposé fonctionner
à tout coup.
Ah !
Ce que son estomac gargouille ! Voyant qu’il n’arriverait
pas à ses fins et ayant son cul gelé, il se leva et couru pour se
réchauffer. Une odeur fit soudain frémir ses narines. Oh ! Que
ça sentait bon ! Grands dieux qu’il avait faim ! Suivant
l’odeur, il arriva à une maisonnette… s’approcha tout
doucement, certain que personne ne le voyait. Le nez en l’air il
humait le fumet. Mais plus il humait plus son estomac gargouillait.
Il
approcha encore plus pour remplir ses naseaux frétillants de
l’effluve, du parfum grisant qui l’amenait quasiment au Walhalla.
Un
bruit le fit sursauter brisant du coup sa méditation, le figeant sur
place, la patte droite en l’air, la queue dressée, les oreilles
aux aguets, le cœur battant la chamade. Un léger bruit, comme un
glissement, un chuintement. Danger ? Tous ses sens aux aguets,
il écoutait. Un mouvement, à quelque pas de lui… l’odeur se
fait plus forte en même temps qu’un tout léger vent de chaleur.
Un humain a ouvert la porte là, à même pas un mètre de lui. Ne
sachant que faire, hypnotisé par l’arôme, il ne bouge pas… il
est pétrifié. Il y a quelqu’un derrière la porte, il voit la
silhouette d’un humain, il voit sa main s’avancer à travers
l’ouverture et déposer délicatement un plat dans la neige. La
porte se referme aussi doucement qu’elle ne s’est ouverte…
juste un chuintement à peine inaudible.
Monsieur
Renard s’approche à pas comptés, guidé par son nez, il ne peut
résister. Il est affamé. Le plat est plein de bouffe. Oh !
Joie ! Son estomac vibre, sa bouche bave, son nez frétille…
ça sent bon. Avec précautions et du bout des dents, il prend une
petite bouchée. À travers la vitre de la porte, il voit ~ du coin
de l’œil ~ l’humain assis sur le sol qui le regarde avec un
grand sourire. "Mange, mon petit", qu’il l’entend
dire."Quand tu auras faim, reviens. Il y aura toujours de quoi
pour toi, petit coquin".
Sachant
qu’il n’a plus rien à craindre, il vide le plat. Oh ! Que
c’est bon et tout chaud dans l’estomac. Monsieur Corbeau
peut-bien garder son fromage gelé. Monsieur Renard est maintenant
rassasié. Merci, humain, de ton amitié.
Auteur : Mick Hall
La
chatte et le renard.
Sur
le haut du pilier d’un portail mal fermé,
Une
chatte, aux poils courts et hirsutes, trônait,
Sorte
de bête pas aimable, mal brossée.
De
là, elle veillait sur un bout du quartier,
Une
chasse gardée qu’elle s’était octroyée
Avec
des chats voyous venus de la citadelle.
Il
faut dire qu’elle ne semblait pas fidèle.
Survint
à vadrouiller dans son quartier privé
Une
bestiole, à l’endroit, pas habituée :
- Eh ! Vieille lapine si mal accommodée
Qu’espères-tu
ici sur ce si haut pilier ?
- Je ne suis lapine, minette seulement
Pas
si vieille que ça, vieux renard arrogant !
- Qu’importe pour moi ! Pour un très bon déjeuner
Lapin
ou matou c’est pareil à déguster.
- Mais alors, que fais-tu là-haut, vieille commère ?
- Je veille, qu’ici ne soient que ceux qu’on tolère,
Que
des importuns ne viennent nous déranger,
N’y
traine pas longtemps, on va te déloger !
- Dis, la prétentieuse ! Je fais ce que je veux,
Ce
n’est un chat qui me dira ce qui est mieux.
- Pauvre être innocent, mes mâles te jetteront
Ou
bien mon caresseur te bottera l’oignon.
- Tu sais ma mignonne, je blague pour mignonne,
On
me dit bien malin, bien plus futé en somme.
Ce
ne sont pas deux ou trois matous de bourgeois,
Habitués
au confort plus qu’à courir les bois
Qui
me feront peur et me chasseront de là,
Pas
plus ton maître qui me scrute de là-bas.
N’oublie
surtout que tu les as bien faits souffrir.
Avant
que de se battre, ils vont y réfléchir.
- C’est ce que tu penses animal affamé.
- Affamé ! Tu le dis bestiole mal brossée
Mais
pour un déjeuner, tu feras bien l’affaire.
- Arrête de tourner tu n’as que ça à faire
Tu
donnes le tournis. Attends j’entends Médor
Il
ne fera qu’une bouchée de toi alors.
- Tu rigoles je crois ! Il ne veut plus de toi
Tu
lui as griffé la truffe bien trop de foi.
- Tu sais ici, je suis très bien et je te vois,
Goupil
n’est plus assez souple pour grimper là.
- Certes, mais, je suis tout de même endurant
Il
m’est bien coutumier d’être persévérant.
- Je resterai toute la nuit, plus s’il le faut
Et
tout un jour encore, même s’il fait trop chaud.
- Tu ne tiendras ici pas si longtemps que ça.
Comme
durant une épreuve de Koh Lanta.
- Nous verrons bien cela, animal dégoûtant.
- Je ne perdrai pour rien un mets si succulent.
- Tu te crois si malin, être si prétentieux,
Nous
verrons lequel est le plus malin des deux.
Le
temps passait ainsi, le matin, le midi,
La
fin de la journée et puis la nuit aussi.
Les
matous, le chien et le maitre davantage
Se
tenaient bien plus loin, peu enclin au courage.
La
vaillance échappe à ceux qui n’ont besoin
De
se battre pour un déjeuner le matin.
La
chatte était seule sur le haut du pilier,
L’espace
y était bien réduit pour se bouger.
Les
heures de l’aube lentement s’étiraient.
Silencieuse
et calme, elle s’imaginait
Asséner
au goupil une belle raclée
Qui,
au bas du poteau, patientait allongé.
A
plus sensée issue, elle réfléchissait
Pour
comment se sortir de ce piège assuré
A
moindre péril et échapper au malin.
Lui,
raillait l’effrontée de gestes bien mesquins.
Il
attendait, comme si rien ne se passait,
La
chatte ne pouvait plus du tout s’échapper.
La
seule issue pour la greffière, là, était
Où
il mimait sommeil, bien de quoi s’affoler.
Puis,
une sombre nuit de nouveau s’approchait,
La
chatte cherchait à s’étirer à souhait,
Maladresse
qui la fit chuter du pilier.
Le
félin n’attendit son reste, il l’emportait
Pour
un royal diner en famille affamée.
La
nuit noire ne fut même pas dérangée,
Un
triste incident que nul ne regretterait.
La
chatte était croquée…et seul je le savais.
Moralité :
À
vous messieurs, qui, bien trop mal, nous gouvernaient !
Le
monde n’est à ceux qui croient le dominer.
Auteur : Mick Hall
Le
renard et le paysan.
Ce
matin le paysan crie bien fort au malheur,
Au
fond du poulailler, deux poulardes se meurent.
-Encore
un mauvais coup de ce maudit renard !
Vil
animal qui, sur mon dos, se fait du lard.
C’était,
il y a quelques années, plus sans doute,
Quand
l’endroit n’était lié à une moindre route.
Un
paysan est venu installer son domaine
En
ce bout du monde où presque rien ne mène.
Il
est venu de pas plus loin qu’un environ,
Construire
ici une ferme et habitation,
Fier
du bout de papier qui donnait cette terre
A
un imposteur et bien vilain propriétaire.
Ici,
presque caché, depuis bien des années,
Vivaient
cependant des bêtes en liberté,
Qui
n’eurent besoin de document à signer,
Pour
en ce jour être assurément exproprié.
Et
pour quelle raison ce bipède averti
Aurait
des droits de régner en ce pays ?
Parce
qu’il a un tout petit bout de papier
Qu’un
tout petit lapin ne peut pas déchiffrer.
C’est
quoi la justice des hommes, qui condamne
A
l’expulsion l’animal, hormis le bœuf et l’âne ?
Pour
que le bipède profite impuni
De
la nature prolifique qu’il salit.
Le
renard, n’entendait l’injuste décision
Et
il trouvait l’intrus bipède bien couillon.
Il
ne comprenait que le jour il devait fuir,
Alors
qu’au soir, plus rien ne le ferait courir.
Bien
plus habile que ne le pensait l’humain,
L’animal
convoitait de bien heureux festins.
Il
trouvait le mortel malgré tout bien aimable
Pour
lui dresser ainsi une si belle table.
Pourquoi
se fatiguer à courir pour manger ?
Quand
le paysan, dans un poulailler, lui offrait
Pitance
de poules dodues à volonté.
Que
demandait de mieux la bête en liberté !
Y
a-t-il morale à cette obscure histoire ?
L’homme
devrait bien y réfléchir chaque soir.
A
force de chasser loin le renard malin,
Il
revient trouver un trop facile festin.
Bobo
des villes qui affiche ton statut
Ne
t’offusque pas que, des banlieues qui puent,
Surgissent
nombreux ceux que tu as exilés
Pour
te prendre ce que tu voulais exhiber.
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